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GUIDE DE ROUSSAN 2002
Référence page 22, 9e Édition Guide Roussan 2002 Charles Carson – Avis des experts Louis Bruens- Historien, écrivain et expert conseil en oeuvres d’art. <<Il s’agit donc d’une peinture véritablement distincte de tout ce qui s’est fait, et de tout ce qui ce fait, à notre époque et depuis longtemps. Sur le plan de l’investissement, je ne doute pas un instant de la valeur très prometteuse de l’oeuvre de Carson dans un très proche avenir. Nous sommes très conscient que des Riopelle, on n’en rencontre pas tous les jours. Cette fois, pourtant nous avons en Charles Carson un artiste de ce calibre, si ce n’est un artiste de calibre supérieur.>> Guy Robert (1933-2000) Historien, écrivain et expert, fondateur en 1964 du Musée d’art contemporain de Montréal. Parmis ses livres les mieux connus; Riopelle, Pellan, Borduas, Dallaire, Fortin, Lemieux, Dumouchel, Bonnet et 1993- Charles Carson, Une découverte. <<À la frontière entre abstraction et figuration, Carson donne aux tableaux une profondeur particulière, plus fascinante que la plus habile maîtrise des systèmes les plus savants de perspective. La découverte d’une telle oeuvre ne peut qu’éveiller frémissement et parfums d’un printemps tant attendu! >> Jacques de Roussan (1929-1995) Éditeur, écrivain et experts en art. <<Carson présente une grande richesse visuelle dans leur perception. Le spectateur doit apprendre à lire- conciemment ou pas- les scènes ou les sujets proposés. Carson interprète et transpose avec beaucoup de force et de subtilité. Attitude qui, dans le domaine des arts visuels précède et suit les grandes carrières.>> |
Référence page 258, 9e Édition Guide Roussan 2002 << Charles Carson a non seulement créé un nouveau style mais surtout une écriture picturale complètement nouvelle qui s’inscrit dans un ordre de valeurs totalement différent des tendances, des genres et styles que l’on trouve généralement sur le marché de l’art.>> Louis Bruens, Expert conseil |
Référence page 259, 9e Édition Guide Roussan 2002 Né è Montréal en 1957, C’est en 1983 que carson se consacre entièrement è son art, il participe à plusieurs expositions au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Amérique du sud où il séjourne pendant plus de 5 ans. Charles Carson reconnu au niveau international par plusieurs historiens et experts en arts, pour sa technique unique nommée le »carsonisme » qui selon les experts n’a rien en commun avec les abstractions pure de Carson. Reconnaissances officielles Médaille d’or, La CIDIAQ inc. 1993 Premier Prix de la Commanderie de l’Ordre des Chevaliers de St-Hubert. Sélectionné parmis 300 artistes. Hommage à Charles Carson, Société aéroportuaire <<Bronze grandeur nature de plus de 700 kilos, par le sculpteur Mario Rodriguez, Colombie 1997. |
GUIDE DE ROUSSAN 2001
GUIDE DE ROUSSAN Né en 1957 à Montréal. Nombreux voyage d’études picturales enEurope, en Asie, aux États-Unis et en Colombie (Amérique du Sud) où il vit et expose régulièrement. À la frontière entre l’abstraction et la figuration. Paysages, scènes, marines et natures mortes. Créateur du <<carsonisme>>. COTATION 2001 Technique »CARSONISME » acrylique sur toile 16 po X 20 po. 6,500 $ Style abstrait 30 X 40 de 2,500. $ à 5,000. $ |
Critique et analyse, Roussan Édition/2001 page 278 Charles Carson Une valeur sûre! Depuis 1960, M. Louis Bruens est historien et expert-conseil en oeuvres d’art et spécialisé en investissement. Il a acquis un professionnalisme indéniable, une expérience solide et surtout un flair étonnant pour découvrir les meilleurs achats en valeurs d’art, qualités qui ne peuvent être mises en doute. Sa feuille de route est d’ailleurs suffisamment éloquente. ANALYSE DU CARSONISME «Vous pourrez constater la valeur qu’on accorde à l’avenir de la carrière artistique de Charles Carson à la lecture de cette analyse de l’oeuvre de Charles Carson, par les écrits qui suivent. Nous avons cru fermement dès 1990, Guy Robert, Jacques de Roussan et moi, tous les trois experts en oeuvres d’art, que nous étions en face d’un artiste d’un rare talent. Je m’explique, aujourd’hui puisque les prévisions s’avèrent justes et que nous n’avons pas fait erreur. Nous sommes très conscients que des «Riopelle, exemple: Vente à Sotherby’s Oeuvre de J.P. Riopelle mosaïque des années 1950 vendue à 1 800 000 $ US » on n’en rencontre pas tous les jours. Cette fois pourtant, nous avons en Charles Carson, un artiste de ce calibre, si ce n’est pas un artiste de calibre supérieur.» |
La peinture au sujet de laquelle je m’exprime ici, que l’on peut aisément qualifier de contemporaine, ne relève ni de l’impressionnisme, ni de l’expressionnisme, ni du surréalisme ou d’autres définitions en « isme » ; elle s’inscrit dans un ordre de valeur totalement différent des tendances, des genres et styles que l’on trouve généralement sur le marché de l’art. À mon avis, il s’agit donc d’une peinture véritablement distincte de tout ce qui s’est fait, et de tout ce qui se fait, à notre époque et depuis longtemps. L’artiste ici cité, et dont j’analyse les oeuvres, appartient à cette race de créateurs que l’on ne découvre qu’après une longue et patiente quête; la mienne dura plus de trente-trois ans. En ce qui concerne les oeuvres de Charles Carson, je ne doute pas un instant de leur valeur très prometteuse comme investissement. Louis Bruens |
GUIDE DE ROUSSAN 1996
Charles Carson Réf : page 39 Né en 1957 à Montréal. Nombreux voyage d’étude picturales en Europe, en Asie, aux États-Unis et en Colombie (Amérique du Sud) où il vit et expose régulièrement. À la frontière entre abstraction et figuration. Paysages, scènes marines et natures mortes. créateur du »Carsonisme » COTE 1996 Technique »CARSONISME » acrylique sur toile 12 po X 16 po. 3,250 $ Agent / 1996 Groupe Mercurart International inc. |
HUMOUR, COULEUR ET VERBE par Louis Bruens
HUMOUR, COULEUR ET VERBE Édition Poly-Inter Par Louis Bruens Tableau de la couverture: Charles Carson, page couverture Titre: Exotic |
Cotation référence page 40: Parution tableau : Azur, Acrylique, 20 X 24po. Cotations des tableaux 1995 10 X 12po = 2200$ |
GUIDE DE ROUSSAN 1995
GUIDE DE ROUSSAN Né en 1957 à Montréal. Peintre autodidacte. Voyages d’études picturales en Europe, Asie, États-Unis et en Colombie où il vit. Expose au Canada et en Amérique du Sud. Paysages, marines et natures mortes. Style à la limite du figuratif et de l’abstrait. COTE 1995 Technique »CARSONISME » acrylique sur toile 12 po X 16 po. 2,950 $ Agent exclusif/1995 Groupe Mercurart International inc. |
Les secrets du marché de la peinture.
Charles Carson (1957- ) Cotes / prices (1993) 12 X 16 po. = 2700. $ 16 X 20po. = 4100 $ 20 X 24po. = 5200 $ 24 X 30po. = 7800.$ 40 X 48po. =15000 $ 48 x 60po. =19500 $ |
Un nouvelle isme… le Carsonisme, publication Iconia, par Guy Robert
MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE MONTRÉAL Guy Robert (1933 – 2000) Fondateur du Musée d’art contemporain de Montréal en 1964, dont il fut le premier directeur-conservateur. En 1993, Guy Robert consacre une analyse approfondie de l’œuvre du peintre Charles Carson et, dans son analyse, décrit remarquablement le «Carsonisme». « … Carson donne au tableau une profondeur particulière, bien plus fascinante que la plus habile maîtrise des systèmes les plus savants de perspective. » « …La découverte d’une telle œuvre, comme celle de Carson, ne peut qu’éveiller frémissements et parfums d’un printemps tant attendu! » Guy Robert fait des études classiques en 1955, obtient une maîtrise en littérature de l’Université de Montréal, en 1962 sur l’œuvre d’Anne Hébert. Il fait également un doctorat en esthétique à l’Université de Paris en philosophie et histoire des arts; sa thèse sera publiée en 1984 sous le titre Art et non finito. À partir de 1960, il est professeur dans plusieurs institutions dont notamment le Collège Sainte-Marie, l’École des beaux-arts, l’Université de Montréal, l’Université du Québec à Trois-Rivières et la Carleton University, à Ottawa. Il a été est également critique et historien en littérature et en art et a participé à plus de 500 émissions de radio ou de télévision ainsi qu’à des films. Fondateur du Musée d’art contemporain de Montréal, en 1964, dont il est le premier directeur conservateur, il a été également directeur du Symposium international de sculpture de Montréal en 1964 et en 1965, puis il a organisé l’Exposition internationale de sculpture moderne à l’Expo 67, et d’autres manifestations comme la rétrospective M.-A. Fortin au Musée du Québec en 1976. Il a publié une soixantaine de livres et quantité d’articles, Il a édité des ouvrages d’art, de poésie, et des livres d’artistes ornés d’estampes originales. Parmi ses livres les mieux connus, on note des études sur Riopelle, Pellan, Borduas, Dallaire, Fortin, Lemieux, Dumouchel, Bonet, Carson ; des documents sur l’École de Montréal, l’Art au Québec depuis 1940, la Peinture au Québec depuis ses origines, l’Art actuel au Québec; des essais sur la littérature québécoise. En esthétique: Connaissance nouvelle de l’art, Le su et le tu, Art et non finito. Il a été membre de la Commission sur la politique culturelle fédérale en 1979-82, de la Commission canadienne des biens culturels, et il a reçu le Grand Prix littéraire de Montréal. |
Guy Robert, rapport d’analyse sur l’œuvre de Charles Carson/1993Le «CARSONISME»Un des grands débats qui animent le domaine de la peinture au vingtième siècle s’étale incontestablement dans la bruyante querelle entre l’abstraction et la figuration. Après des débuts nettement marginaux, l’abstraction en est venue à s’accaparer presque toute la scène des expositions, au cours des décennies 1950 et 1960, et cela en bonne partie grâce à ses nombreux courants, géométrique, tachiste, gestuel, lyrique, informel, optique, minimaliste et autres.
Puis ce vaste mouvement s’est affaibli de son propre poids, s’est épuisé de sa propre tyrannie (je disais même: terrorisme), s’est démodé comme c’est le sort de toute mode, et la figuration s’est enfin remise de sa déroute en retrouvant un nouveau souffle, plus puissant et plus varié que jamais. Pourtant, bien des artistes se sentaient mal à l’aise dans ce débat belliqueux, et préféraient poursuivre leurs travaux sans s’encombrer de telles querelles théoriques, partisanes, d’idéologies souvent teintées de politique. Comme le peintre canadien Riopelle, par exemple, déclarait sans ambages, il y a plus de 25 ans, qu’il n’était pas un peintre abstrait, mais plutôt une sorte de paysagiste, à sa manière qui proposait de la forêt une vision personnelle, une version intériorisée d’où surgiront d’ailleurs autour de 1970 des hiboux et tout un bestiaire. C’est à tout cela que j’ai aussitôt pensé en voyant des tableaux de Charles Carson, dont la démarche se distingue nettement de celle d’un Riopelle en ceci précisément qu’elle se dresse à la frontière entre abstraction et figuration, se glisse dans le champ de rencontre de ces deux plans en évitant sagement de les opposer ou d’en faire des frères ennemis telle qu’on la connaît dans notre tradition culturelle occidentale, mais en la réduisant à son débat fondamental entre ligne et couleur, abstraction et figuration, structure et événement être et paraître, substance et frivolité: autant de profils de l’inéluctable débat entre l’esprit et la chair, qui demeure le lot à la fois sublime et frustrant de notre humaine condition, sans jamais trouver de réponse finale.» «Je mets dans mes tableaux tout ce que j’aime, et tant pis pour les choses, elles n’ont qu’à s’arranger entre elles. ̶ Le tableau n’est pas pensé ou fixé d’avance. Pendant qu’on le fait, il suit la mobilité de la pensée. Et fini, il change davantage, selon l’état de celui qui le regarde. ̶ Un tableau vit ainsi sa vie, comme un être vivant, et ne vit que par celui qui le regarde». Picasso, 1935. En ma qualité d’expert mon impression initiale, en observant avec grand plaisir un ensemble important des œuvres mêmes de l’artiste Carson, en fut une de fraîcheur, de dynamisme, de rythme: fraîcheur et vivacité de la palette, dynamisme et variété des compositions, rythme qui anime chaque segment des œuvres, un peu comme dans le meilleur jazz, où le sens de l’improvisation dilate merveilleusement la structure instinctive de la mélodie et l’anime de sa syntaxe syncopée, – où, si l’on préfère, comme dans les sonates de Scarlatti et les concertos de Vivaldi, où variations et modulations fondent à la fois l’ordonnance et les subtilités de l’œuvre. Inutile d’ajouter que, dans l’état de morosité généralisée et quelque peu morbide qui persiste depuis trop longtemps, dans le domaine de l’art et de son marché comme ailleurs, la découverte d’une telle œuvre ne peut qu’éveiller frémissement et parfums d’un printemps tant attendu! |
Autre aspect qui m’a aussitôt attiré: le créneau stylistique où œuvre l’artiste, à la bienheureuse frontière entre la figuration et l’abstraction, où il semble bien à l’aise pour laisser d’un côté jaillir l’élan de son expression avec spontanéité, voire impétuosité, et d’un autre côté offrir des «pistes » variables de lecture des tableaux conduisent principalement vers des motifs familiers de l’inépuisable Nature (oiseaux et poissons, fleurs ou fruits, ciel et eau, végétation et saisons), sans pour autant éliminer la présence humaine, ne serait-ce qu’en ombres et profils comme dans le remarquable Cirque de Shanghai, où des masques énigmatiques tiennent compagnie à des acrobates sur vélo parmi des explosions de dragons et autres tourbillons d’apparences. C’est tout le mystère de l’Orient qui s’y trouve évoqué dans ses paradoxes enluminés,- à moins que l’on préfère emprunter quelque autre piste, celle par exemple du conseil que donnait jadis le vénérable Léonard de Vinci à d’hypothétiques apprentis sorciers du bel art de peindre: qu’on prenne donc la peine de regarder attentivement les crevasses et pierres maculées d’un vieux mur, et on y découvrira bientôt des paysages de rêves, de légendaires champs de bataille, des visages bizarres, des personnages et choses d’une telle variété qu’elle ne s’arrêtera qu’aux limites de l’imagination de chacun! Depuis, sa recherche est axée davantage sur la juxtaposition et la superposition des couleurs, en somme, Carson semble peindre avec grande spontanéité, sans idée préalable ou bien arrêtée, comme porté et inspiré par le simple bonheur de jongler avec formes et couleurs. Est-ce pour davantage protéger cette spontanéité, cette impétuosité première qu’il utilise les pigments d’acrylique et la spatule, plutôt que le procédé à l’huile dont l’onctuosité incite le pinceau aux langueurs des retouches et autres repentirs? Tranchant de la lame dans le vif de la pâte, Carson lance sur la toile blanche la danse rapide et nerveuse de sa main. Sous le souffle enthousiaste de ce langage pictural, une autre surprise nous attend, celle d’une sorte de jeu du regard, attiré, intrigué par des formes d’allure ambiguë, qui se prêtent à diverses interprétations, selon le hasard des associations et la fantaisie de l’imagination. Ainsi devant les tableaux de Carson: surgissent par exemple le grand panache et la tête relevée d’un chevreuil de quelques taches sombres étalées dans un fond marin, où s’éclipsent alors les poissons qui attendent patiemment la sympathie de notre regard pour réapparaître. Ce va-et-vient s’articule sur l’ambiguïté féconde où se place l’artiste, à la frontière figuration-abstraction soulignée précédemment, et qui donne au tableau une profondeur particulière, bien plus fascinante que la plus habile maîtrise des systèmes les plus savants de perspective, d’autant plus fascinante qu’elle fait du tableau un lieu de rendez-vous, d’exploration qui conduit à de nouvelles associations, découvertes, interprétations, en partie différentes pour chacun, et pour la même personne d’un jour à l’autre. Par le fait même le tableau, au lieu de se vider de toute sève après quelque temps, entretient sa vivacité et sa fraîcheur par ce jeu qu’il propose d’y chercher de nouvelles apparences, des échos différents, d’inédites saveurs. Et par ce jeu, la peinture redevient une fête pour l’œil, une provocation pour l’imaginaire, un velours pour la rêverie. Sous la spatule, les couleurs ont glissé l’une sur l’autre, mais sans se figer définitivement dans le pigment séché. Une fluidité y reste frémissante, sous le dynamisme de la composition, souvent articulée en dominante de diagonale ou de tourbillon. |
«Donner à voir» Peindre n’est pas copier, ni reproduire. Peindre, c’est évoquer comme chez Cézanne, ou célébrer comme chez Rubens, voire fustiger comme chez Francis Bacon. Mais peindre, c’est surtout faire apparaître, révéler, «donner à voir», selon le beau titre d’un recueil de poèmes d’Éluard publié en 1939. Et devant le tableau, nous cherchons cette apparition, nous faisons sa découverte, nous répondons à l’invitation de «voir», au-delà des apparences et des styles, des cultures et des époques, l’œuvre dans sa propre révélation au sein de notre imaginaire, qui l’accueille et s’en nourrit, en jouit. Voyons un peu cela dans l’œuvre de Charles Carson, qui accorde à la Nature une place capitale. La Nature est comme un dictionnaire «La Nature n’est qu’un dictionnaire», répétait volontiers Delacroix, du moins selon ce qu’en écrit Baudelaire dans son Salon de 1859 où ce grand poète, qui fut le meilleur critique de son époque, poursuit en établissant une distinction radicale entre les artistes imaginatifs, qui trouvent dans ce dictionnaire «les éléments qui s’accordent à leur conception et leur donnent une physionomie toute nouvelle», et les peintres sans imagination qui «copient le dictionnaire» et tombent ainsi dans «le vice de la banalité». En regardant les œuvres de Carson, on sent tout de suite qu’il sait utiliser ce dictionnaire de la Nature avec inspiration et originalité. Des signes inépuisables Baudelaire l’a magistralement dit dans son célèbre sonnet des Correspondances: La Nature fait à l’homme des signes et l’invite à pénétrer dans ses «forêts de symboles» où «les parfums, les couleurs et les Sons se répondent». Chacun perçoit ces signes a sa façon, différemment d’ailleurs selon la compagnie ou les circonstances, l’âge, la conjoncture, les saisons et les lieux, les états d’âme. Et tout particulièrement un artiste comme Carson, qui s’en nourrit, en tire les sucs qu’il transforme, dans l’alambic de son imagination, en émotions, intuitions et visions dont il construit ses œuvres. Une très grande partie de l’art de notre siècle semble s’éloigner de la Nature, lui tourner le dos en lui préférant les voies de l’abstraction. Il y a là un malentendu, qui exagère l’importance et dévie le sens de ce vaste mouvement, dont la mode s’est d’ailleurs fatiguée de son propre poids et de ses abus. On oublie par exemple que la démarche plastique d’un Mondrian s’appuie sur la schématisation de l’arbre, que les grands gestes d’un Jackson Pollock évoquent des nébuleuses spirales, et que Riopelle rejetait la bannière de l’abstraction en se ralliant a celle du paysage – bien sûr différent de ce qu’il était chez Ruysdael ou Suzor-Côté! Sa propre réalité Que proposait un Riopelle dans ses tableaux mosaïqués des années 1950, sinon une vision personnelle et enthousiaste de ses excursions en forêt ou sur les glaciers, de ses voyages de chasse ou de pêche ? La Nature y vibre en effet de partout, et un peu plus tard, à partir de 1968, en surgira tout naturellement un bestiaire, bientôt dominé par les hiboux. La démarche de Charles Carson se distingue de celle d’un Riopelle en se glissant à la frontière entre abstraction et figuration, dans leur champ de rencontre. On évite ainsi la vaine querelle qui les oppose si souvent, ou plutôt on réconcilie les deux credo, comme le montrent les tableaux reproduits au fil de ces pages et qui nous proposent leur propre «réalité», celle de la vision personnelle de l’artiste. |
Un conseil de Léonard de Vinci C’est sans doute pourquoi Léonard de Vinci conseillait a tout apprenti peintre de bien observer des choses aussi triviales que des murs décrépits ou des vieilles pierres on pourrait y découvrir des montagnes ou des rivières, des visages ou des scènes bizarres, toutes sortes de formes incroyables. Charles Carson remplace les vieux murs par des compositions très colorées, d’allure abstraite, et qui proposent déjà des pistes de lectures : profils d’arbres ou de personnages, têtes esquissées d’oiseaux ou de poissons, – bref, une peinture complice de la Nature, et qui nous invite à imaginer. Nature et abstraction complices Spontanéité et dynamisme Charles Carson peint en toute spontanéité, porté et inspiré par le bonheur de jongler avec formes et couleurs. Pour protéger son impétuosité, il préfère utiliser l’acrylique et la spatule, plutôt que les pigments à l’huile dont l’onctuosité incite le pinceau aux langueurs des retouches et repentirs. Tranchant de la lame dans le vif de la pâte, il lance sur la toile blanche la danse rapide et nerveuse de sa main, par touches étalées presque toujours en diagonale ou en large ellipse. Et il s’en dégage aussitôt une impression de fraîcheur, de dynamisme, de rythme : fraîcheur et vivacité de la palette, dynamisme et variété des compositions, rythme qui anime et muscle son langage plastique. Une évasion de la morosité ambiante Un jeu du regard Le langage pictural de Carson propose une sorte de jeu du regard, en l’attirant et l’intriguant par des formes ambiguës, qui se prêtent à diverses interprétations suivant le hasard des associations et la vivacité de l’imagination. Une harmonieuse énergie L’impression de fraîcheur et d’énergie qui se dégage des tableaux de Carson vient en partie de l’éclat et de la pureté des couleurs, harmonisées dans leur juxtaposition rythmée et aérées par des interstices de blanc. Une fête pour l’œil Pourquoi un autre « isme »? Il y aurait encore beaucoup à dire, mais nous devons nous arrêter ici, sur une dernière question, celle du style de peinture et de la forme d’écriture picturale de l’artiste. Aucun siècle n’a connu autant d’agitations et de mouvements que le nôtre, dans tous les domaines, sociaux, politiques, économiques, scientifiques ou esthétiques. Pourquoi alors ajouter un nouvel «isme» à une cacophonie déjà bien indigeste, à ce labyrinthe assourdissant ? Ce nouvel «isme» celui du Carsonisme, a la particularité de ne concerner qu’un individu. Hélas, ou plutôt bien heureusement, aucune étiquette des «ismes» bien connus dans la pagaille de l’art contemporain ne semble pouvoir y adhérer, et je devrai donc me résigner, d’ailleurs avec grand soulagement, à nommer ce mouvement : le carsonisme! |
PEINTURE, CULTURE ET RÉALITÉS QUÉBÉCOISES
PEINTURE, CULTURE ET RÉALITÉS QUÉBÉCOISES Par Louis Bruens Réf: Charles Carson pages 23,24 et 77 Charles Carson (1957- ) Je ne crois pas devoir m’exhiber en public, je ne vois pas non plus l’intérêt que pourrait porter un véritable collectionneur à mon enfance, à mes passions, à ma vie ou à mon statut matrimonial. Le comédien se doit en personne à son public. Le chanteur se doit également à son public et à ses auditeurs, tout comme le danseur et le chef d’orchestre. Le peintre lui, et en particulier le peintre d’atelier, n’est pas un amuseur public et je crois vraiment que seule la matière doit parler pour lui. Je suis peintre et seule ma peinture devra dire mes pensées, mes émotions et mes rêves. Je ne désire qu’une chose, voir le produit de mes recherches, de mon travail, de mes joies et de mes peines: mes tableaux, apporter le soleil et la vie dans chaque demeure sans que j’aie à me <<prostituer>>. |
1992/ L’artiste est représenté par CENTRE D’INFORMATION, DE DIFFUSION ET D’INVESTISSEMENT EN ART DU QUÉBEC INC. (CIDIAQ) Réf: page 77 PRIX DES TABLEAUX EN 1992 10 X 12po = 1600 $ |
Étude de l’oeuvre de Charles Carson un nouvelle isme… Par Louis BRUENS
1992- Étude de l’oeuvre de Charles Carson un nouvelle isme…Louis Bruens, UN AVIS ÉCLAIRÉ La peinture au sujet de laquelle je m’exprime ici, que l’on peut aisément qualifier de contemporaine, ne relève ni de l’impressionnisme, ni de l’expressionnisme, ni du surréalisme ou d’autres définitions en « isme » ; elle s’inscrit dans un ordre de valeur totalement différent des tendances, des genres et styles que l’on trouve généralement sur le marché de l’art. À mon avis, il s’agit donc d’une peinture véritablement distincte de tout ce qui s’est fait, et de tout ce qui se fait, à notre époque et depuis longtemps. Tant qu’il y aura des collectionneurs passionnés et des artistes novateurs, les salles de ventes, les galeries d’art, les musées et le marché de l’art resteront en vie. L’artiste ici cité, et dont j’analyse l’oeuvre, appartient à cette race de créateurs que l’on ne découvre qu’après une longue et patiente quête; la mienne dura plus de trente-trois ans. Je savais confusément qu’un jour je serais payé de ma patience et ce jour est arrivé lorsque je vis pour la première fois un tableau de Charles Carson. Instantanément je sus que c’était lui, le peintre, l’artiste, enfin l’oiseau rare que j’avais si longtemps attendu, celui qui m’apporterait joie, plaisir et satisfaction. |
Alors que j’atteins l’âge de la retraite, cette peinture nouvelle m’apporte une raison encore de défendre l’art, tant pour sa nature que pour sa valeur de placement et, de par mon expérience, en ce qui concerne les oeuvres de Charles Carson, je ne doute pas un instant de la valeur très prometteuse comme investissement dans un très proche avenir. Devant un tableau de Carson, on ne peut qu’être surpris; puis, lentement, doucement, sans heurt, on le pénètre, on le découvre et l’étonnement du début fait progressivement place au ravissement. Charles Carson n’est pas un peintre non-figuratif tel que le veut cette appellation. Ses tableaux doivent se voir comme un ensemble détaillé de choses connues dont certaines sautent aux yeux tandis que d’autres demandent à être découvertes en cours de contemplation. Aucun de ses objets peints ne sont réellement ou vraiment déformés malgré les apparences plutôt dues à l’effervescence des couleurs, mais soudain, après quelques secondes de concentration visuelle, elles apparaissent dans toute leur réalité. Charles Carson a réellement développé une façon nouvelle de traduire la nature et ses objets d’une manière qui répond parfaitement aux règles de l’esthétique tant sur le sujet de la composition que sur la sonorité chromatique. |
Nous avons là une peinture nouvelle qui s’inscrit véritablement dans le courant de l’art contemporain mais sous une forme accessible à tous. Rien n’est laissé au hasard, les rapports entre l’artiste et la nature sont immédiatement définis, mais, curieusement, il reste toujours un ou plusieurs éléments soigneusement et étrangement dissimulés dont la présence sera pourtant graduellement révélée au spectateur réceptif…et patient. La parfaite coordination des plans, la synthèse du rythme, l’organisation des dynamiques et l’éclat de la palette de Carson ne sont pas sans rappeler les meilleurs et merveilleux tableaux de Riopelle des années 50 et 60. À mes débuts dans la profession, vers 1959, j’eus un coup de foudre, mais alors un véritable coup de foudre, pour l’oeuvre de deux artistes du Québec: Marc-Aurèle Fortin et Riopelle; tous deux artistes peintres de grande valeur: deux écoles,deux formes de pensée et deux écritures picturales bien loin l’une de l’autre, mais la beauté de leur art était en soi une promesse de succès. Depuis, j’ai rencontré beaucoup d’artistes, de bons, quelques excellents et beaucoup d’autres et je ne me prononce publiquement que très rarement sur la qualité des oeuvres, mais cette fois, je ne peux m’empêcher de crier mon enthousiasme suscité par ce nouveau, et probablement dernier coup de foudre: la peinture de Charles Carson. Sur le plan de l’investissement, ce qui était vrai il y a vingt ans est toujours vrai aujourd’hui et même plus vrai que jamais. Dans le livre « lnvestir dans les oeuvres d’art », que je publiais en 1978, j’écrivais: « On découvre deux formes d’investissements: l’investissement esthétique, et ce qui ne gâte rien, l’investissement financier… » et j’ajoutais, en parlant de collections: « De véritables fortunes se sont édifiées par l’adjonction systématique de tableaux ». En 1976, à un actionnaire qui s’inquiétait des achats de tableaux, David Rockefeller rétorqua de façon cinglante: «Ces investissements ont coûté 500 000 $ dollars et valent aujourd’hui plus de 3 millions. Connaissez-vous un secteur plus rentable? » Les Rockefeller ne sont pas des apprentis dams l’art d’investir et de faire de l’argent. En ce qui concerne leurs collections d’oeuvres d’art, us ne s’intéressaient probablement qu’aux artistes qui offraient les meilleures garanties de succès sur le marché de l’art, et donc aussi sur le plan de l’investissement. À mon avis, Charles Carson est, de nos jours, l’artiste type recherché par ce genre d’investisseurs. |
Pour Charles Carson, peindre relève d’un besoin presque viscéral, mais il refuse la complaisance, notamment celle de créer de l’imagerie populaire pour plaire à n’importe quel prix et à n’importe qui. Je me dois de répéter que l’art de Charles Carson n’est pas un art abstrait et s’il est ainsi considéré par certains spécialistes, il leur faudrait ajouter qu’il s’agit d’une abstraction d’un degré bien moindre que l’abstraction pure. Les formes figuratives très reconnaissables sont plongées dans un univers de configurations relativement indéfinies peut-être, mais toujours en relation directe avec les éléments dominants. L’artiste a le droit inaliénable, accordé au créateur, de transformer l’image concrète qu’il voit en une image différente, suscitée par son sens particulier de l’esthétique et Carson ne se prive vraiment pas de cette vérité; il traduit des sensations qui ne sont connues que de lui et tente, dans chacun de ses tableaux, de nous faire partager son univers coloré de rêves, de pensées et d’émotions. Naturellement, je crois que seuls quelques privilégiés de la nature, esthètes de père en fils sans doute, pourront vraiment pénétrer ce monde secret qui habite ce peintre-créateur. Ces gens là ont déjà accepté… de refuser les fades et perpétuelles images peintes, sans résonance et sans joie, qui font pourtant encore les murs de nombreux petits salons de beaucoup de… petites gens. |
Charles Carson s’est imposé une règle de base des ses débuts dans le monde mystérieux de la peinture, c’est-à-dire, vers 1978: celle de ne pas pénétrer le marché de l’art avant d’avoir atteint son objectif : créer une peinture nouvelle et sans ressemblance directe avec un genre ou un style existant ou ayant existé. II s’est donc obligé à plus de 14 années de recherche, d’expérimentation, de discipline, avant de découvrir, sans jamais donner dans la facilité, cette écriture picturale colorée, lumineuse et impétueuse qui est sienne aujourd’hui. Les compositions chromatiques de Charles Carson, puissantes et fascinantes nous rappellent ce qu’écrivait Kandinsky en 1910 dans son « Uber das geistige in der kunst » (Du spirituel dans l’art): La puissance des couleurs, dans un tableau, doit attirer avec force le spectateur et, en même temps, dissimuler le contenu profond. » Les couleurs de la palette de Carson ne dissimulent pas, elles révèlent lentement, avec autant de profondeur, ce qu’elles semblaient cacher au premier abord et réussissent à maintenir encore toute l’attention du spectateur qui, plus ou moins consciemment, poursuit sa recherche d’éléments nouveaux. |