Les mouvements artistiques nés au Québec
22 août 2013
Agente d’artistes, commissaire, critique d’art, journaliste
Les mouvements artistiques nés au Québec
Le marché de l’art au Québec est un microcosme. Ce qui fonctionne en Europe peut ne pas fonctionner au Québec et le contraire est tout aussi vrai: marchés différents, exigences différentes.
Bien qu’on parle plus facilement des courants artistiques européens qui ont cours depuis la crise de l’art, les mouvements se terminant en « isme » existent aussi de ce côté-ci de l’océan Atlantique. Certains ont été créés par des Québécois d’origine et/ou des Québécois d’adoption. Ils ne sont ni laids, ni angoissants, ni violents. Pourtant la presse n’en parle pratiquement jamais parce que les journalistes spécialisés dans les arts visuels sont rares et, sans doute, le lectorat préfère s’adonner à une lecture plus sensationnelle que culturelle. Selon la sociologue de l’art très connue, Raymonde Moulin, 5% seulement des gens s’intéressent aux beaux-arts. D’ailleurs, la légende urbaine qui prétend que les galeries d’art sont fréquentées par des snobs et que la peinture est destinée à une élite sociale subsiste toujours dans l’esprit des gens. Bien sûr, ce mythe est aussi faux que l’image des vernissages qu’on nous présente dans les films américains. Le monde de l’art est loin d’être aussi guindé qu’on nous le présente à l’écran. La caricature de la réalité fait ombrage aux artistes qui essaient de vivre de leur art dans une société axée sur la productivité, la rentabilité et la réussite sociale. Il faut donc redécouvrir cette réalité toute simple… une réalité qui, aujourd’hui, met à l’honneur des artistes québécois qui se démarquent en étant instigateurs et instigatrices d’un mouvement artistique au Québec.Plusieurs mouvements artistiques européens ne sont pas connus au Québec alors qu’en France, par exemple, la tendance néo-expressionniste apporte aux artistes qui pratiquent ce mouvement son lot de succès dans les hautes sphères du marché mondial. Les nouveaux peintres français de la douleur ont été connus, notamment grâce à une monographie de l’essayiste belge Guy Denis qui publia son livre (Les peintres de l’agonie ou Les nouveaux peintres français de la douleur) en 2008 chez Bernard Gilson Éditeur. Une centaine d’officiels pratiquent ce mouvement en Europe depuis 1997. Une exposition internationale, présentée à Québec en 2010, a présenté des œuvres de l’un d’entre eux. L’incompréhension et la méconnaissance de ce mouvement artistique ont empêché les médias d’en parler. Il a fallu cacher les œuvres pour éviter l’embarras des visiteurs qui entraient, alors qu’en d’autres circonstances, elles auraient été à l’honneur. C’était esthétiquement incorrect de présenter ce genre-là dans une maison de la culture. Récidive dans une galerie d’art en 2011; le laid, l’angoisse et la violence n’ont pas leur place dans le marché québécois.
Certains de ces artistes ont rencontré le succès, d’autres créent dans l’antichambre de la notoriété, rêvant un jour d’être mentionnés parmi les grands qui ont fait l’histoire de l’art au Québec. Je vous propose une série d’articles sur ces mouvements artistiques nés au Québec.
Le Carsonisme
« Charles Carson a creusé son sillon vers la postérité artistique, car aujourd’hui on dit c’est un Carson, comme on dit c’est un Picasso, un Matisse, un Warhol, un Basquiat et tous les autres artistes immortels ». – Christian Sorriano, président de Drouot cotation à Paris, expert en art et en antiquités.
Le Carsonisme est né au début des années 1990, alors que l’historien et expert en art, Louis Bruens, écrivait sur l’œuvre de Charles Carson. C’est par la suite que Guy Robert, le père fondateur du Musée d’art contemporain de Montréal, lui consacra une importante analyse. Il soulevait notamment l’originalité toute particulière du travail de Charles Carson avec les couleurs, avec le rythme et le dynamisme intrinsèque. Il éprouvait une réelle fascination pour cette profondeur qui animait les œuvres de cet artiste. En un mot, le Carsonisme lui faisait l’effet d’une bouffée de fraîcheur dans la morosité ambiante du marché de l’art de l’époque aux prises avec ses préoccupations esthétiques. La vivacité de la palette de l’artiste, sa façon d’occuper l’espace dans une composition rythmée, sa subtilité entre figuration et abstraction, auguraient un futur des plus prometteurs. Ils ont été nombreux, par la suite, historiens, experts, critiques, écrivains en art, à se pencher sur l’étude des œuvres de Charles Carson.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Carsonisme se distingue des œuvres de Riopelle. La recherche de Charles Carson est axée sur la juxtaposition et la superposition des couleurs qu’il peint avec grande spontanéité, sans idée de départ, mû par l’instinct créateur, inspiré par le bonheur de jouer avec les formes et les couleurs. Il utilise le couteau à peindre et les pigments d’acrylique. Les formes naissent et l’interprétation se précise. Le regard explore la matière. L’imaginaire fait son œuvre et la toile devient un lieu de rencontre et d’échange. La figuration et l’abstraction se répondent, comme un écho. La vaine querelle entre figuration et abstraction se réconcilie. De nouvelles associations se créent. Les couleurs glissent l’une sur l’autre sans se figer. Arabesques et élans ne sont pas une accumulation désordonnée, ils sont plutôt ordonnés dans un rythme qui peut rappeler celui d’un ballet ou d’une mouvance gracieuse, impressionnant la rétine de formes, de silhouettes et de couleurs vives. L’aspect chromatique des couleurs apporte une profondeur qui éveille les sens. L’expérience de l’art est un langage intérieur, propre à chacun : on aime ou on n’aime pas. L’artiste propose sa propre réalité dans son propre langage. D’ailleurs, sa signature artistique est reconnaissable du premier coup d’œil et gare à ceux qui tenteraient de le copier, ils resteront dans l’ombre de ce « Grand-maître en Beaux-Arts ». Ce « isme » (le Carsonisme) a la particularité de ne concerner qu’un seul individu : Charles Carson, né à Montréal en 1957.
L’artiste qui vit à Montréal est reconnu au niveau international. Il jouit d’une réputation mondiale exceptionnelle. Il n’a jamais cherché à révolutionner le monde de l’art. Il s’y est dédié entièrement et la reconnaissance est arrivée.
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