Champlain Charest « Ce sont des tableaux très denses, très forts, répète-t-il, et qui prennent tout…» « C’est un homme assuré par le succès! »
Champlain Charest
Monsieur Champlain Charest, médecin, grand collectionneur de vins, amoureux collectionneur d’art, ayant fort bien connu Jean-Paul Riopelle, qui était dans le cercle des amis intimes et avec qui il partageait diverses passions dont celles de la pêche et de la chasse. Rappelons que le Bistro à Champlain situé à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson abrite plus de 35 000 bouteilles, et que c’est avec Riopelle, présent sur les murs, qu’il s’en était porté acquéreur avec Riopelle en 1974. Les deux hommes s’étaient connus à Paris en 1968 et n’étaient pratiquement jamais éloignés l’un de l’autre longtemps.
Tant de passion anime cet homme! Et lorsqu’il choisit d’aimer, qu’il s’agisse d’un vin ou d’un artiste, il est entier. On l’imagine attablé avec Riopelle, refaisant le monde, parlant de chasse et d’art. Ses coups de cœur sont éclatants. Qui mieux que lui peut mettre en parallèle le talent des deux artistes, puisqu’il a fait la rencontre de l’œuvre de Carson depuis 2001. Et qu’il a été séduit.
Lorsqu’il est entré en contact avec l’artiste et ses tableaux, il a senti « une force, une grande force », dit-il.
« Pour moi, la technique mosaïque de Carson, évoque à première vue un peu les tableaux que Riopelle faisait dans les années 1950. Coups de spatule, progression du tableau vers un endroit bien précis. Il y a un sens au tableau, un endroit où le regard s’accroche, converge vers le centre de ce tableau-là, tel qu’on le retrouve chez les peintres abstraits : donc, pour moi, la lumière vient d’en arrière du tableau, passe au travers et se projette devant soi. »
Doit-on comparer les deux artistes et se contenter de ce regard rapide sur leurs œuvres et leur force?
Dans l’œuvre de Carson, il y a une recherche multicolore qu’on ne retrouvait pas chez Riopelle, ce qui a mon avis lui donne tout son unicité; avec le rouge par exemple, ou le bleu, le tableau entier était presque tout rouge ou tout bleu. Ici, c’est la densité en transparence des différentes couleurs qui fait toute la différence d’avec Riopelle. C’est un véritable foisonnement.
Champlain Charest veut être plus précis : « Bien sûr, Riopelle utilisait des couleurs, mais l’ensemble du tableau montrait moins de ces coups de spatule, moins de juxtaposition de couleurs en transparence, son unicité c’est sa limpidité des couleurs dans chaque coup de spatule. Il faut une habileté extraordinaire pour arriver à ce résultat, selon moi.
Bien qu’il se défende d’être un expert du calibre d’un historien ou d’un critique d’art, il revient à son regard « coup de cœur » qui justifie tous ses investissements en art.
Non seulement il est habile dans la disposition des couleurs, mais ses tableaux me disent quelque chose. J’aime entre autres l’équilibre des masses, la transparence en juxtaposition, sa recherche chromatique, la force évocatrice qui sens dégage fait toute l’unicité de l’œuvre de Carson.
J’apprécie particulièrement ses œuvres carsonistes, une manière de peindre qui va aller très loin
Et il conclut, admiratif : Ce sont des tableaux très denses, très forts, répète-t-il, et qui prennent tout.
Ça laisse les autres dans l’ombre, un petit peu
C’est un homme assuré par le succès! »
SOURCE: L’art de Vivre, Américor média, « Carson sa Vie son Oeuvre, édition 2008
Auteur *Anne Richer, écrivaine et journaliste au quotidien « LA PRESSE » depuis 1968. Ces dernières années, elle a dressé le portrait de plus d’une centaine d’hommes et femmes, bâtisseurs et rassembleurs, leaders et héros de notre temps.