JAMIE ELLIN FORBES,HISTORIENNE & EXPERT EN ART, RÉDACTRICE EN CHEF, DU FINE ART MAGAZINE,NEW YORK – USA

Maître Carson, Couverture Fine Art Magazine, USA

ENTREVUE: JAMIE ELLIN FORBES,HISTORIENNE & EXPERT EN ART, RÉDACTRICE EN CHEF, DU FINE ART MAGAZINE,NEW YORK – USA (TRADUIT DE L’ANGLAIS AU FRANÇAIS)
FINE ARTS MAGAZINE – New York – USA

Bonjour, je suis très heureuse de m’entretenir avec vous aujourd’hui,
Q. Vous êtes la rédactrice en chef du magazine Fine Arts. Depuis combien de temps ce magazine est-il publié à New-York?

R. Nous publions depuis 34 ans sous le format magazine de Fine Arts, et plus récemment, nous avons évolué vers divers autres formats. Nous couvrons davantage la poésie et la littérature sous des formats divers. Mais, au fil des ans, nous avons raffiné et précisé le format de Fine Arts.

Q. On voit ici le magazine publié ce mois-ci ?

R. Oui, et Charles est en couverture. Nous croyons que c’est un très bon numéro et nous apprécions vivement l’entrevue de Charles. Il y a là beaucoup d’information et nous avons eu beaucoup de plaisir à écrire à propos de Charles. Nous savons qu’il est hautement apprécié au Canada et nous voulions le faire mieux connaître des amateurs d’art des États-Unis.

Q. Pouvez-vous m’en dire un peu plus quant à votre engagement, à toutes ces années passées à la tête du magazine Fine Arts?

R. Nous avons le privilège de rencontrer tant de gens! Et durant tout ce temps. Beaucoup ont gagné en célébrité, d’autres sont plus ou moins restés dans l’ombre. Mais les histoires de ces artistes se ressemblent. Et ce que nous tentons de faire, c’est d’entrer en dialogue avec ces histoires. Pour de multiples raisons, je ne m’en lasse jamais. Chaque artiste amène avec lui le paysage de ses rêves, son besoin de communiquer, de partager avec les spectateurs et amateurs. On ne sait jamais qui ils pourront inspirer, quelles fenêtres ils ouvriront dans les âmes, pour permettre une communication d’un niveau plus élevé. C’est le rôle de l’artiste. Et l’art est très important, comme toute la culture. Par les temps qui courent, il revêt une importance accrue. Les artistes jouent en ce moment un rôle plus déterminant que durant les 10 ou 15 années précédentes. Et cela, sans tenir compte des collections ou de leur taille.
Quant au travail de Carson, pourquoi le mettre en première page ? On ne consacre pas souvent la une à un artiste. C’est que j’ai considéré que son art, sa peinture, exprimaient un langage singulier. Au départ, je trouvais plus ardu de discerner rapidement cette originalité dans l’abstraction. Aujourd’hui, je la perçois très rapidement. Le langage des tableaux impressionnistes, le paysage rêvé j’ai toujours su que c’était exceptionnel et l’équilibre des couleurs y était une valeur prépondérante.

Fine Art page 5 – Carson to the isme – Carsonisme

Q. Quand vous parlez de l’équilibre des couleurs, vous faites référence à un tableau comme celui-ci ?

R. Oui. Cette toile a une telle force évocatrice. Vous êtes invité à entrer dans son univers, par exemple, à goûter cette orange, à faire partie de ce moment que décrit l’artiste. Ce n’est pas un instantané. Vous êtes invité à vous inscrire dans le processus créateur de l’artiste. Quelque part, à l’origine, on trouve un déclencheur, une inspiration qui appartiennent à une sorte de mystique, et les couleurs sont au service de cette mystique. Ce tableau possède des lignes définies, mais le plus souvent, celles-ci se fusionnent à travers la couleur. Les formes se concrétisent à travers la couleur. Les lignes et les formes existent toujours, mais la composition devient libre et fluide.
C’est un grand honneur d’être au service de l’art.

Q. Vous avez écrit à propos de Carson qu’on pouvait le comparer à Kandinsky, Mondrian, Picasso, Van Gogh, Pollock, mais pourquoi Carson ?

R. Parce qu’il possède cette incroyable clarté dans la couleur. Et puis, ce n’est pas tout de peindre! Vous ne pouvez extrapoler si vous ne maîtrisez pas la forme. Pour extrapoler, vous devez maîtriser la forme, savoir peindre !
Il applique la peinture avec un sens du rythme, un sens de la couleur qui donnent l’impression que la lumière s’en dégage. Cette toile est très énergétique, presque cinétique. C’est de l’énergie, mais il y a uns structure formelle qui régit l’application des couleurs. Je ne sais pas ce que M. Carson a en tête quant il peint. Mais il pense sûrement à quelque chose. Je crois que c’est subconscient. Il a la vision subconsciente d’espaces et quand il applique la couleur, celle-ci se met à vibrer pour rassembler ces espaces, alors que le rêve prend une forme réelle dans une fusion abstraite. Ce sont des parcours dans l’espace. Oui, mais les œuvres gardent toute leur transparence. Les couleurs demeurent d’une grande clarté. Elles sont construites, elles ont de la texture et donnent beaucoup de puissance à l’œuvre, ce qui est très rare. On pourrait croire que c’est simple. Bien au contraire, c’est extrêmement difficile et complexe. Vous devez faire preuve d’un sens exceptionnel de l’harmonie et du rythme, établir cet équilibre qui donne toute sa force à la composition.
L’œuvre doit demeurer très ouverte pour permettre au spectateur d’y entrer.
Q. C’est ce qui vous a inspiré à placer l’œuvre de Carson en page couverture?

Fine Art – USA – Maître Charles Carson- page 6

R. Oui, ça m’a inspirée. J’ai su qu’il y avait matière à écrire, qu’il y avait là matière à développement. C’est une affaire de correspondance, de synergie, s’il n’y a pas d’art, il n’y a pas de rencontre. Si l’art est là, on réussit ensemble à faire quelque chose. On sait qu’on va réussir, l’expression propre de l’artiste est bien là. Alors, on prend le temps de faire des recherches, de réfléchir, d’échanger, de comprendre et puis, on passe à la rédaction au sujet de l’art. J’ai senti que Charles possédait beaucoup d’énergie, de capacité, d’enthousiasme au service de l’art. Tout ce qu’il faut pour porter l’expression artistique à son apogée. En rétrospective, je trouve que la couleur travaille très fortement à concrétiser l’expression propre de l’artiste et que les gens saisissent cette expression aussitôt qu’ils voient les œuvres. Si le spectateur ne peut déceler à première vue de quelle lettre de l’alphabet il s’agit, de quel paysage de rêve il s’agit, vous le perdez. Mais s’il y parvient instantanément, vous avez fait sa conquête. Il faut que cette clarté soit présente. Après 34 ans, je le sais très bien.

Q. Après toutes ces années, qu’est-ce qui vous inspire toujours?

R. Cela me nourrit. Quand j’ai fini d’écrire cet article en y prenant autant de plaisir, j’étais comblée. Ça me nourrit. Je sens qu’une chose a été accomplie. Pouvez-vous imaginer ce que serait la vie des gens sans l’art? Si M. Carson n’avait pas la liberté de partager son expérience, s.il n’avait pas la possibilité de la partager? Ce serait terrible!

Fine Art Magazine – NEW YORK – USA – Maître Charles Carson – Créateur du Carsonisme – page 7

Q. Vous connaissez cette technique, puisque vous avez écrit qu’il fallait ajouter un « isme » à Carson?

R. C’est que Charles fait école. Comme c’était en couverture, je voulais souligner qu’il créait une école. Vous savez, tout est en « isme » : impressionnisme, postimpressionnisme, expressionisme, et ici, nous avons du carsonisme. Il y a dans son œuvre des éléments inédits. Je n’ai pas vu d’autres artistes utiliser cette technique. Et vous; en avez-vous vu? Non. Il est le seul au monde à utiliser cette technique. Je pense aussi qu’il est le seul à faire ceci! Nous avons toutes deux été à des expositions. Nous avons été à la FIAC et à d’autres événements.

Q. Oui, son style carsonisme est unique.

R. Alors, n’est-ce pas là la base d’un mouvement? Bien sûr, Carson peut faire des emprunts. Mais, quelqu’un a-t-il fait du Braque, du Léger ou du Pollock avant eux? C’est ça le « isme ».

Q. Merci beaucoup, Jamie-Ellin.

R. Merci à vous.

Q. C’était un plaisir.