PRESTIGE, Le magazine du Québec

Magazine Prestige, octobre 2007

PRESTIGE, Le magazine du Québec

Octobre 2007

CULTURE
Anne Richer Rencontre avec…
CHARLES CARSON,

Par Jean Frenette

Journaliste aguerrie, travaillant à La Presse depuis 1968, Anne Richer a rencontré de nombreuses personnalités au cours de sa carrière. Par exemple, elle écrit chaque semaine le portrait de la Personnalité de la semaine de ce quotidien. Elle a également publié la biographie de deux hommes bien connus : Pierre Bourque, chez Stanké, et Jean-Claude Poitras, chez Sogides. En ce moment, elle rédige la biographie d’un peintre québécois reconnu internationalement, Charles Carson. Rencontre avec une rencontre…

Magazine Prestige, octobre 2007, page 75

Voilà un an qu’Anne Richer travaille avec Charles Carson pour écrire sa biographie. Pourquoi lui ? « C’est une amie de longue date, Colette Richelieu, la propriétaire de la Galerie Richelieu à Montréal, qui m’a téléphoné pour me dire qu’il serait intéressant d’écrire une biographie sur un de ses peintres parce qu’il avait une vie assez rocambolesque, assez passionnante, se souvient Anne Richer. J’avais vu ses tableaux à la galerie et Colette m’avait dit que sa valeur était grande sur le plan monétaire. Surtout, elle trouvait intéressant de parler de l’homme à travers tout son processus de créativité des 30 dernières années. »

Une semaine plus tard, elle rencontrait Charles Carson. Au début, ils ont parlé simplement, un peu pour s’apprivoiser, pour se connaître mutuellement. Puis, elle a découvert un homme qui en avait long à raconter. « Lorsque l’on écrit une biographie, on entre dans la vie intime des gens. C’est très intense. Charles est un artiste, alors c’est quelqu’un d’extrêmement sensible. C’est un écorché vif », raconte Anne Richer. Pourtant, ses toiles ne sont-elles pas joyeuses ? « Je crois que sa peinture est une manière de s’efforcer au bonheur. Pour lui c’est naturel sur le plan pictural et ça l’aide à garder l’équilibre. Il a fait ce choix sur le plan de sa peinture : avoir une peinture joyeuse. »

Magazine Prestige, octobre 2007, page 76

D’ailleurs, sa peinture en enthousiasme plus d’un. « Je pense au restaurateur Champlain Charest, un connaisseur en art, grand ami de Jean-Paul Riopelle. Il vient de découvrir Charles et ça a été le coup de foudre ! Il en a acheté tout de suite », affirme Mme Richer

Histoire d’un homme ou d’une œuvre ?
Anne Richer ne peut pas dire si elle a été touchée davantage par l’homme ou par son œuvre. « On ne peut pas dissocier les deux. Charles a une intensité qui se retrouve dans ses tableaux. J’ai eu la chance d’assister à une séance de travail, une seule parce qu’il ne permet à personne d’aller dans son atelier. C’est un solitaire. J’ai quand même vécu la naissance d’un tableau… Chaque geste est d’une telle précision ! Ça m’a tellement ébahi… Il ne fait pas de gestes inutiles pour effacer et recommencer comme certains peintres. Ou laisser sécher et ajouter d’autres couleurs par-dessus. Ce n’est pas ça du tout qu’il fait. Lui, ce qu’il applique, c’est ça », explique-t-elle encore émerveillée.

Saveur de fruits au bouquet printanier mouvement

Semble-t-il que tout est déjà dans sa tête, qu’il n’a pas de croquis et qu’il ne fait pas de dessins sur sa toile au préalable. « Par exemple, j’ai vu un tableau qu’il était en train de faire, avec un fond coloré. Il y avait du rouge, du jaune et du bleu, mais informe. Il s’est mis à vouloir donner une forme, alors il y est allé avec un pinceau. Puis là, il a fait des touches. Tout à coup, on voit apparaître quelque chose. Je ne sais pas comment il fait, c’est spécial. Tout à coup, il y a eu des fleurs, un bouquet est apparu ! C’est de la magie pure », s’étonne-t-elle toujours.

Le carsonisme
La technique unique de Charles Carson est déjà reconnue par plusieurs historiens et experts en arts qui la décrivent comme étant du « carsonisme » tellement elle lui est propre. « Je sais où je vais, explique-t-il lui-même, mais ça vient de 30 années de travail. »

Anne Richer me raconte sa dernière visite chez lui. « Il était à peindre un fond marin d’environ 4 pieds par 12 pieds. C’est incroyable. On entre dedans puis on est dans l’eau ! Mais attention, ce n’est pas comme un fond marin de carte postale… On y trouve toujours de petits détails et c’est ce qui fait la richesse d’un travail de peintre. La bonne peinture, on y trouve toujours quelque chose de nouveau, puis on ressent toujours cette espèce d’émotion de l’origine. C’est quelque chose qui nous appartient, qui est personnel. »

Détail de l’oeuvre : Havre de paix haut en couleurs

À peine âgé de 50 ans, Charles Carson a déjà obtenu bien des reconnaissances pour son travail. Entre autres, il a remporté des médailles d’or dans d’importantes manifestations artistiques : Salon International des Beaux-Arts de Montréal (2002), Musée des Beaux-Arts de Montréal ACADEMIA XXI – AIBAQ (2006) , Salon international de l’Académie des Arts France à Paris, en reconnaissance de son talent exceptionnel (2007), Italia – Premio – Alba (2007). On lui a même érigé une statue de bronze grandeur nature à Carthagène, en Colombie, où ce grand voyageur a vécu quelques années.

Et aujourd’hui, enfin bientôt, paraîtra une biographie. « Je suis ravie de faire connaître davantage l’homme et son oeuvre. Je trouve ça extraordinaire de pouvoir entrer dans un univers comme celui-là, un univers de création. »

Carson à voir…
Galerie Beauchamp, 10, rue du Sault-au-Matelot, Québec
Galerie Richelieu, 7903, rue Saint-Denis, Montréal.

(On trouve de ses œuvres généralement dans les plus importantes galeries du Québec du Canada et à l’internationale.)

Carson à lire ET à voir
www.charlescarson.com