Jacques de Roussan, (1929-1995) historien et écrivain en art. « Le subliminisme de Charles Carson »

 

Florero, acrylique sur toile, technique carsonisme

67 pages Jacques de RoussanJacques de Roussan, (1929-1995) historien et écrivain en art.

Édition de ROUSSAN 2004

C’est en 1993 que Jacques De Roussan, se prononçait par une analyse approfondie de l’oeuvre de Maître Charles Carson:

Le subliminisme de Charles Carson

À mi-chemin entre le figuratif et l’abstrait. Charles Carson entraîne le spectateur dans une aventure expressionniste où le mouvement, la forme, la couleur, le dessin même forment un tout absolument indissoluble. C’est ainsi que Ies vibrations deviennent optiques et soulignent des intensités qui vont s’opposer ou se juxtaposer sans effort à l’intérieur de la composition.

Il en résulte une vision dont l’imagerie semble sortir d’un univers chatoyant mais formant aussi un lieu entre le conscient et le subconscient de sorte qu’on puisse pénétrer dans un mouvement en liaison avec ces deux plans de conscientisation. A partir de cette visualisation, l’artiste réussit à présenter des scènes ou des sujets dont la composition et le déroulement sont à la limite d’une transposition purement graphique et présentent ainsi une grande richesse visuelle dans leur perception.

À vrai dire, l’artiste ne cherche pas à « révolutionner » l’art de la peinture mais, préférablement. A développer une interprétation vraiment personnelle – parfois même onirique – d’un cheminement rapide peut-être mais toujours en solution de continuité. Attitude qui, dans le domaine des arts visuels, précède et suit les grandes carrières. C’est-à-dire toute une vie de créativité.

Carson se garde bien d’oublier les leçons de ses aînés et ne tombe pas dans le piège des essais maintes fois répétés. Ce qui permet de continuer à travailler dans les thématiques caractéristique à l’art de peindre, tout en bouleversant leurs interprétations: paysages, scènes, natures mortes, sujets de nature, etc. Ce qui prouve bien jusqu’à quel point il sert d’intermédiaire privilégié entre l’imagination et la réalité à travers le prisme d’une vision relativiste des choses et des inspirations.

Paysage d’automne, acrylique sur toile, technique carsonisme

Donc, à travers formes et couleurs, l’artiste interprète et transpose avec beaucoup de force et subtilité. Le spectateur doit apprendre à LIRE -consciemment ou pas les scènes et les sujets proposés. Dans un enchaînement presque endiablé des éléments de la composition, on distingue les propos de Carson derrière la puissance formelle de son interprétation. Tout est alors sujet à une lecture plus en profondeur, parfois même ésotérique dans son expressivité. Derrière la richesse de la mise en action, s’étagent les différents plans dans lesquels se meuvent littéralement et picturalement les personnages et les décors du tableau proprement dit.

Parfum de fruits, acrylique sur toile, technique carsonisme

C’est-à-dire que tout devient silhouette et suggestivité qu’on peut lire sinon interpréter en faisant appel à un minimum de références picturales. Cela ne signifie pas que cette lecture s’impose au premier regard, mais bien plutôt qu’elle relève d’un phénomène optique avec, comme toile de fond. Un kaléidoscope chromatique qui devient véritable fête pour le spectateur. Il s’agit en somme d’une nouvelle manière de peindre, une forme d’écriture picturale unique par sa sublimité, où l’on découvre un entre- deux mondes d’une mouvance perpétuelle.

Titre : Chant printanier, acrylique sur toile, technique carsonisme, Format : 16 po. X 12 po.

Pour donner plus d’importance au caractère bidimensionnel de ses tableaux et « obliger » la vision pénétrer plus profondément dans le vif du sujet, Carson peint « au couteau » dans I’intention voulue d’ajouter une profondeur à son interprétation. Grâce à cette technique. il imprime un élan supplémentaire et complémentaire a la composition, selon un angle directionnel en diagonale qui souligne d’une leçon précise les vibrations déjà visibles dans la composition. Le fait que ce mouvement laisse subsister des bordures et des arêtes en blanc ajoute un caractère à la fois mystérieux et expressionnisme qui vient renforcer la présence des autres éléments de la composition.

Il est intéressant de souligner que, dans les tableaux de cet artiste, les formes dont le caractère chromatique est indéniable « dansent » un ballet d’une grande beauté pour inscrire des arabesques et des élans qui sont peut-être les propos finalistes de Carson. Ce n’est pas une bousculade mais l’ordonnance bien précise d’un corp de ballet, rythmes fugaces peut-être mais qui impressionnent la rétine. C’est peut-être dans cette interprétation que l’artiste va continuer de trouver l’inspiration à sa démarche picturale à long terme.